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Dans le Off : un excellent Volpone

La compagnie Les Têtes de Bois propose un Volpone d’excellente facture. Si la compagnie s’est fait connaître en exploitant le répertoire de la commedia dell’arte, elle renouvelle le genre et propose un théâtre de masques maîtrisé. Un régal.

A Venise, le richissime seigneur Volpone n’aime rien de plus qu’accumuler encore plus de jaunaille, surtout lorsqu’elle vient à lui toute seule. Pour se faire, il fait courir le bruit qu’il est à l’article de la mort. S’ensuit alors le défilé de ses prétendument amis venus s’enquérir de l’heure prochaine de son agonie et faire quelques cadeaux afin de s’assurer une part confortable de son héritage. Le bal des affreux commence.

Contrairement à d’autres compagnies qui balbutient leur partition, l’expérience de la troupe des Têtes de Bois leur confère une grande sérénité, et du même coup une grande justesse de ton et de rythme. Justesse de ton tout d’abord car les personnages sont des archétypes de la bassesse humaine qui confinent au grotesque, et il est tentant pour les comédiens d’en rajouter dans la farce. Mais il n’en est rien. Les acteurs jouent justes sans en faire trop. Justesse de rythme ensuite car il serait tentant également d’accélérer l’enchaînement des scènes pour verser dans une comédie frénétique. Mais encore une fois, il n’en est rien, et les Têtes de Bois se donnent du temps et laissent les spectateurs respirer pour mieux les emmener dans leur histoire.

Une histoire qui parait si proche. Cupidité, corruption, justice à géométrie variable, veulerie, et les deux vices suprêmes de l’avarice et de la lubricité. Difficile, hélas, de faire plus contemporain comme préoccupations. Derrière les masques et les costumes classiques, l’éternelle âme humaine, si prompte à devenir folle à l’odeur de l’argent.

Les masques, les costumes et la gestuelle des corps renouvellent également le genre. Sans se cantonner à une tradition italienne de la commedia, les Têtes de Bois convoquent également des figures japonaises et balinaises, par petite touche et dans une grande harmonie.

Un régal, je vous dis, et amis lecteurs, sachez que je ne suis pourtant pas grand amateur du genre.

>>> Volpone, Tous les jours au Théâtre du Monte-charge, place de l’horloge à 15h30